Pour un Conseil Diplomatique des Bassins-versants*
Première journée d'interventions

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Le Conseil Diplomatique des Bassins-Versants (CDBV) est une recherche-création initiée à Genève en 2022 dans le cadre d’une résidence à Utopiana du philosophe-artiste David gé Bartoli et mené, depuis 2023, en collaboration avec Sophie Gosselin, autrice et philosophe, Marin Schaffner, auteur, Anna Barseghian, artiste et curatrice, et Stefan Kristensen, philosophe.

Pensé dans la région lémanique de Suisse, là où convergent quatre des grands bassins-versants d’Europe (Rhône, Rhin, Danube, Pô), ce conseil s’inscrit dans une nouvelle géographie politique s’appuyant sur les cycles de l’eau pour repenser les échelles, les modes de l’agir politique et la solidarité entre communautés habitantes. Prenant acte des initiatives telles que le Parlement de Loire, la Biovallée de la Drôme, le Syndicat de la Montagne Limousine, l’Assemblée populaire du Rhône ou la personnalisation juridique de la lagune du Mar Menor (Murcie), le CDBV s’envisage comme un espace de rencontre et de dialogue qui accompagne la recomposition des territorialités politiques à l’ère de la crise écologique.

Le CDBV vise à réunir des habitant.e.s, des citoyen.nes, des acteur.es associatifs ou politiques, des artistes, des architectes, des chercheur.euses en sciences sociales, humaines et environnementales, des ingénieurs et des institutions pour explorer les voies d’une géopolitique terrestre qui dépasse les frontières régionales et nationales mais aussi les partages entre culture et nature, entre théorie et pratique, entre rationalité et sensibilité, entre savoir-être et savoir-faire.

Les rencontres se déroulant dans le cadre de 1000écologies à Genève du 20 au 22 avril 2024 constituent la première manifestation publique du projet de Conseil Diplomatique des Bassins-Versants et visent à fédérer des acteurs du bassin lémanique et des acteurs européens de l’eau pour poursuivre le processus de préfiguration.

* Un bassin versant est un territoire qui draine l’ensemble de ses eaux vers un exutoire commun, cours d’eau ou mer. Le bassin versant est limité par des frontières naturelles : les lignes de crêtes ou lignes de partage des eaux. De part et d’autre de ces lignes, les eaux des précipitations et des sources, ainsi que tous les éléments dissous ou en suspension (sédiments, pollution...), s’écoulent vers des exutoires séparés.

Programme du samedi 20 avril

Mieux comprendre les liens entre les Arbres et leur Lac
Marche apprenante avec Ernst Zürcher, ingénieur forestier et Docteur en sciences naturelles.
De 9h à 11h30, au bord du lac Léman
Rendez-vous à 9h au débarcadère de la Perle du Lac

L’on connaît mieux aujourd’hui une part des processus grâce auxquels les arbres forment spontanément des collectifs et constituent des forêts que l’on peut considérer comme des ‹ méta-organismes › développant une sorte ‹ d’intelligence collective ›. Cette compréhension permet de développer des marches à suivre pour être à même d’insérer harmonieusement, en tant qu’humains, notre action dans la grande trame du vivant, et ceci dans une topographie représentative qu’est le bassin versant d’un grand lac.

Événement accessible sur inscription : inscrivez-vous ici


Chante la pierre
Atelier-performance sonore de Toma Gouband, créateur sonore. Une proposition de Nicolas Donin, professeur de musicologie à l’Université de Genève.
De 11h30 à 13h, à la Perle du lac

Précis et inventif, le percussionniste Toma Gouband a su construire un univers sonore d’une richesse inépuisable à partir de quelques données élémentaires : pierres et branchages, cercles et points, nombres et proportions. Il nous invite à faire « chanter la pierre » avec lui à l’occasion d’un atelier-performance où nous apprendrons à chercher, écouter et jouer des galets, pour construire une improvisation collective émergeant de notre environnement immédiat.

Événement accessible sur inscription : inscrivez-vous ici


Présentation du projet du Conseil Diplomatique des Bassins-versants et de ses étapes de préfiguration

avec David gé Bartoli et Sophie Gosselin, Anna Barseghian, Stefan Kristensen, et Clémence Mathieu, paysagiste et membre du collectif Hydromondes
De 15h à 16h30, au Commun


Ritualisation de notre condition terrestre

Table ronde avec Damien Delorme, philosophe et universitaire, David gé Bartoli et Stefan Kristensen, animée par Sophie Gosselin
De 17h à 18h, au Commun

La table-ronde réunit trois auteurs contribuants chacun à questionner la place de la spiritualité dans nos rapports au vivant. Nous nous intéresserons à la réactivation contemporaine de la pratique du rituel pour exprimer collectivement les attachements sensibles qui nous lient aux milieux naturels que nous habitons et prendre conscience de la nécessité d’en prendre soin.


Constituer une diplomatie interspécifique et bio-régionale
Table ronde avec Delphine Klopfenstein, élue Les verts au Conseil national Suisse et membre du comité Pro Natura, Sylvie Pouteau, philosophe et chercheuse à l’INRAE, Pascal Ferren, urbaniste et membre du collectif Lichen et Sève Carrez, docteure en droit de l’environnement et présidente de l’Institut International pour la Négociation Climatique, animée par David gé Bartoli
De 18h30 à 20h, au Commun

La crise écologique nous pousse à repenser nos relations avec les autres êtres vivants. Autrefois vus comme des objets au service des humains, nous sommes maintenant appelés à les voir comme des sujets à part entière avec lesquels nous devons cohabiter. Cela soulève la question de comment écouter et répondre aux non-humains, et gérer les conflits dans nos territoires partagés. La table-ronde explorera cette idée de diplomatie entre espèces à un niveau bio-régional. Selon l’essayiste américain Kirkpatrick Sale, la biorégion peut être définie comme ‹ un territoire de vie, un lieu défini par ses formes de vie, ses topographies et son biote plutôt que par des diktats humains ›.

C’est à l’image des bassins versants qu’il s’agit de penser les peuples terrestres, comme des totalités ouvertes faites de dynamiques et de lignes enchevêtrées, accueillant en leur sein une multiplicité de formes de vie à la fois humaines et autres qu’humaines, minérales, végétales et animales. Peuples-rivières, mais aussi peuples-montagnes, peuples-déserts, peuples-archipels : c’est à partir des alliances tissées à même les milieux de vie entre des collectifs et des communautés terrestres en devenir que se formeront les peuples terrestres à venir.

Sophie Gosselin et David gé Bartoli